dimanche 16 novembre 2014

Business Trip and more - Iran

 Youssef est super motivé depuis le début de la semaine. Mais je sens bien que quand ça se précise, il commence à hésiter… Alors vendredi, en plein week-end, quand on sort de notre formation au client plus tôt que prévu, il préfère proposer qu’on aille d’abord déjeuner, et on ira voler après.

Mais ça fait trois jours qu’on passe devant ce déco avec la voile dans le coffre (OK, un bon 10km devant, mais quand il s’agit de repérer des parapentes dans le ciel, j’ai plutôt de bons yeux). Et je ne suis plutôt pas du genre à insister, mais là…

Youssef est mon contact à Téhéran. 65 ans, très gentil (comme tous les Iraniens que j’ai pu croiser d’ailleurs), avec la volonté de toujours arranger les choses au mieux. Il a, disons, une légère tendance à paniquer un peu de temps en temps. C’est ce qui arrive quand on tente de trouver l’atterro, à la lisière haute de cette ville de plus de 10 millions d’habitants. Je le dirige au jugé en repérant les voiles faire leur approche (c’est vendredi, il y a du monde en l’air !), et il faut que je le pousse en attrapant presque le volant pour stopper ses hésitations. Conduire à Téhéran n’est surement pas facile. Mais encore moins quand on hésite, qu’on s’engage puis qu’on s’arrête, qu’on essaie de faire demi-tour quand il n’y a pas la place… Mais donne-moi donc ce volant Youssef !

On a pas mal tourné en rond, on a pas mal demandé (Téhéran Style : « Salam… », on arrête le piéton, et puis surtout, on continue à avancer, forçant ledit piéton à suivre pratiquement en courant pour répondre). Et on a fini par y arriver. Ouf !

Résultat, je nous ai fait sauter le repas de midi, mais j’ai bien fait pour garder mes chances. Il est déjà 15h, ça fait un moment qu’on tourne. Heureusement, dans la voiture, Peter, mon collègue suédois qui m’accompagne cette fois, m’a soutenu pour assouvir son envie de voir ce que ça pouvait bien être que ces drôles de tapis volants. Plutôt que de déjeuner.

Le site d’atterrissage est impressionnant et inattendu ici. Une vingtaine de tentes sponsorisées par des fabricants de matériel sous lesquelles se tiennent les écoles locales et les biplaceurs, en attendant le client. L’atterro lui-même, en pente douce vers le sud (le bas), est immense. Et les 4x4 au toit surchargé de sacs de parapentes se succèdent au départ vers la montagne, vers le décollage.

Le « chef » du site, voyant ces étrangers (surtout le blond Peter, il paraît que moi je ressemble à un local…), vient vers nous. Il nous propose de nous monter, il a un biplace à faire. Je propose à Youssef et Peter de se joindre à moi, pour profiter de la vue (Youssef ne tient plus vraiment à voler !). Youssef négocie la montée, et on embarque, avec au volant Mahmood, jeune pilote d’accro qui a appris tout seul… et qui aime aussi l’accro en 4x4 visiblement ! Nous voilà grimpant droit dans le pentu, le pick-up sautant littéralement à chaque croisement de la piste officielle, bercés par un hard-rock local du meilleur goût… Pas le moment préféré de mon Youssef en costard à côté de moi ! Moi ça me plait, surtout en étant là pour un déplacement professionnel !

Bien sûr, tous les parapentistes locaux connaissent l’endroit d’où je viens. Comme en Amérique du Sud, quand on dit qu’on vient de Grenoble, ça ne dit rien à personne ; mais quand on dit à un pilote qu’on vient de Saint-Hilaire… Aaaah ! Saint Hilaire, the Festival, Fantastic, Lucky you, I’d love to go there so much…

Voilà, il est tard (presque 16heures), les thermiques sont quasi éteints, les décollages s’enchainent 700 mètres au-dessus de la ville, sur cette montagne complètement pelée. Pas un arbre en vue, pas une tache de vert. Devant, on devine Téhéran à travers son nuage gris-brun de pollution des belles journées. Derrière, les sommets enneigés à 4000m. Je me prépare dans mon coin, le « chef » vient vers moi, m’emmène devant tous les pilotes déjà prêts (euh… pardon… excusez-moi, désolé…), et me « lance » au déco après m’avoir passé une radio et m’avoir donné les dernières instructions.

Et l’agitation ambiante depuis l’atterro laisse soudain place au calme incroyable d’une descente très lente dans la lumière du soir. A mi-pente, je trouve un thermique très doux qui me permet de remonter de 200m et de prolonger le vol. Je le quitte finalement, et retourne vers l’atterro poussiéreux, bruyant et coloré.


Un vol tout simple, mais une expérience énorme ! En deux-trois heures de temps, des paysages uniques (même jamais vus par Youssef), des rencontres sympas, des sensations géniales. C’est vraiment bon le parapente !



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