mardi 21 juillet 2020

Petit voyage alpin entre bros...























Ah et puis tiens, il pleut? T'as rien d'autre à faire... Voilà de quoi occuper 5 minutes... 
Le Récit!

Arriver à poser ses vacances au bon moment, synchro entre pilotes, les impératifs familiaux, mais aussi avec la météo…

Bon on n’y arrive pas, depuis trop longtemps, alors on bloque cette semaine, et on ira bien là où on pourra voler.

J-7 : bon ça va voler dans les Alpes du Sud

J-5 : pinaise, ça va être fumant dans les Alpes du Sud

J-3 : allez, Col de Bleine et on remonte, on verra bien jusqu’où.

J-2 : Aïe en fait c’est surtout fumant demain. Et pas tant au Col de Bleine. Et pour pas trop longtemps.

J-1 : Pas le choix, on part aujourd’hui, on descend à St André (Flo propose généreusement de ramener la voiture à la maison), et on verra bien !

 

Jour 1- « Tu sais où on est et par où il faut aller là ? Je suis perdu ! »

D’assez bonne heure à Saint-André, on a le temps de préparer les sellettes, regarder un peu comment ça se présente, renoncer à descendre vers Bleine vu la hauteur du plafond sous les sommets, demander conseils de cheminements aux habitués (on ne connaît pas le secteur,) manger un sandwich trop gras… et gaz !

Extraction difficile, plafs « moyens » (2400 quand même), on part vers le nord, zone inconnue pour nous donc. Quelques repères posés dans le SysNav, Estrop, Morgon… On contourne les sommets (Cheval Blanc) pris dans les nuages, on saute de point bas en point moins bas… Mais on avance, et on a tellement cette sensation de bout du monde dès qu’on quitte le bocal, ça y’est, c’est l’Aventure !

On retrouve une aile, on la suit croyant qu’elle connaît le chemin, ou c’est peut-être l’inverse ? Déjà qu’on ne connaît pas, quand en plus les sommets sont cachés… Mais on avance à 3,  on rejoint la crête de la Blanche qu’on ne voit pas, on maudit un peu ceux qui l’appellent « l’autoroute »… mais finalement, ils avaient raison. Pas un virage jusqu’au Morgon, à jouer à la limite du plaf (mais pas trop près vu les planeurs qui jouent ici).

Ca y’est, au Morgon, le plaf monte. 2800, plus de nuages…  Vue de rêve… Bon ben on continue… On arrive bas au Mont-Guillaume, on se refait, on nous avait dit de passer derrière par la vallée de Réallon pour éviter la brise, on y va… oui mais… le léger ouest rend le passage du Col difficile au fond de la vallée. On force, ça passe, on avance sur l’arrête vers le sud, mauvaise idée, on est contrés, scotchés, finalement je me fais pousser sous le vent de l’arrête. Pas trop sympa ça. Repassage du même Col (j’avais vraiment besoin d’y aller 2 fois ?). Et ouf ! On est tous les 2 du bon côté, on a bien cru qu’on allait passer chacun la nuit de son côté, avec 1500m de faces entre nous 2 !  Au moins ce n’était pas idiot d’avoir chacun assez de matos pour être autonomes.

Plus d’hésitations, on en a assez vu pour aujourd’hui, bien plus que ce qu’on espérait, on fonce poser pour un bivouac de rêve au-dessus d’Orcières-Merlette, bien placés (croit-on) pour redécoller demain.

 

Jour 2- « Si si ça va passer crème si on se jette sur cette face Sud-Est ! »

Etrangement, le stress nous gagne. Sûr qu’on a l’air bien placés, mais pour décoller à quelle heure ? A 8h pour faire un glide jusqu’au pied des Richards, remonter à pied et en partir à midi ? A midi quand c’est un peu installé et rejoindre le déco des Richards en vol, avant que la brise ne soit trop forte ? A 14h quand les plafs sont corrects et qu’on reste au-dessus de la brise ? Allez, on prend midi. Et on regrette vite. Oui cette face Sud-Est est belle… mais elle est bien sous le vent de la brise qui redescend du plateau des Richards… et nous écrase sans aucun ménagement ni échappatoire au fond de la vallée du Drac Blanc. 15min de vol. Génial ! Les plafs sont à 3000, il est 12h30 (genre l’heure limite pour décoller des Richards), on est tankés par 30°C 400m et plusieurs km sous le déco.

Pas le choix, on monte, on découvre que 19kg avec l’eau, sous le cagnard, ce n’est pas si pas drôle. On se dit qu’on sera bien placés pour demain.

14h30, plusieurs litres d’eau et pauses à l’ombre plus tard, on est au déco. Qui nous paraît très fréquentable. On y va ? On y va !

Olivier décolle vite, part vers la droite sur la belle face, et zone bas… chaleur… Je décolle rapidement derrière et me fait catapulter rapidement à 3000. Il s’en sort. Ouf ! Bon ben… on continue donc !

S’en suit une belle lutte face à la brise et au sud-ouest, sautant de crête sous le vent en crête sous le vent, les plafs montent, on grimpe parfois à 3500, on perd souvent 1500m en 2 minutes…  mais on avance !

Au Coiro, on zone en se faisant brasser, on décide de passer l’arête peu fréquentable vers le Jas d’Auris, et délivrance, 3800m, face au Taillefer, poussés maintenant par 10-15km/h de vent enfin dans le bon sens. Quelle vue, quel pied ! 

A 3500m au dessus du Taillefer, magnifique, on savoure notre premier passage ici ! La transition sur Chamrousse est une blague ! On retrouve enfin du monde (ça rassure quand même), des copains même, on survole Belledonne à 3000m, pour finalement décider de poser à Pipay, rincés, trop contents !

 

Jour 3- « on se le prend, tu crois, ce grain ou pas ? »

Evidemment, la lumière est magnifique au réveil. Des rayons de soleil percent entre les quelques nuages à l’Est, mais à l’Ouest, tout prêt, le front orageux est bien là. Il pleut déjà en Chartreuse, dans les Bauges, c’est noir vers le nord, où on voulait aller, ça se rapproche bien vite.

Face à la menace qui nous tourne maintenant autour, on plie vite le camp, sacs au dos, grondements de tonnerre, on part vers un abri potentiel… Trop tard,  la grêle nous attrape avant l’abri. Au moins ça mouille moins que l’eau ! 

Le temps d’arriver à l’abri, le vent retombe, ça s’ouvre devant… on a peut-être une fenêtre pour tirer droit sur Lumbin. Go go go !

Ca le fait bien, ça fait même tellement du bien ce long glide à 2, dans de l’huile, face à la Chartreuse superbement illuminée en guise de dessert… 

 

Poser à Lumbin a un goût étrange. Se retrouver ici après 6 mois d’aventure au bout du monde… 

Mais comme c’est bon de se balader au gré des vents, même sans aller loin, juste pour le plaisir, sans avoir en décollant où on va finir le soir, et sans que ce soit une inquiétude, on a notre maison dans notre sellette ! 

Plus qu’à remonter à la maison à St Hil à pied (pas le plus marrant finalement), et boucler cette chouette aventure qu’on attendait de partager entre frères depuis si longtemps !

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